lundi 10 décembre 2007

La marche rouge et l'aigle noir

Cet après-midi, nous partons pour notre deuxième marche autour de Cottars Camp. La montagne à laquelle est adossée notre tente sera l'objet de notre virée pédestre. Pour ce faire Calvin Cottars nous confie à son meilleur pisteur, notamment pour des raisons de sécurité, les buffles étant souvent présents sur les hauteurs : Moses. Moses a plus de 70 ans, c'est un ancien braconnier qui a tué de nombreux éléphants avant de faire de la prison puis de devenir pisteur chez Cottars. Il ne parle pas anglais, marche d'un pas lent et assuré.

Nous partons en fin d'après midi après le thé.
La marche début par l'ascension de la montagne, Moses marche devant doucement (cela nous arrange), un guetteur Masai ferme la marche.

Moses fait une pause à mi-pente. Il en profite pour nous montrer quelques plantes et nous les faire deviner. Il se saisit de quelques petites feuilles vertes qui ressemblent en plus petit à des feuilles de menthe. L'odeur n'est pas très caractéristique mais Moses se met à les frotter entre ses doigts qui rougissent instantanément.
Nous reconnaissons le henné. Notre guide prend alors la main de Carine pour la maquiller de cette belle couleur rouge.
Nous reprenons notre marche vers le sommet. A notre arrivée au point le plus élevé, nous faisons une pause pour admirer le paysage au bord de l'abrupt de la falaise. La plaine s'étend à l'infini sous nos yeux. Légèrement à notre gauche des feux de brousse sont allumés sur les flancs d'une colline. Après ces quelques minutes de contemplation, nous reprenons notre marche à flanc de colline. Soudain, notre guetteur Masaï appelle Moses qui marche en tête fusil à la main.
Il semble avoir aperçu quelque chose sur sa droite. Les mots qu'ils échangent nous échappe mais après quelques explications, nous devinons qu'il doit s'agir d'un petit félin : peut-être une genette ou un serval. Moses nous demande si nous désirons suivre sa trace. Comme je n'ai pas compris la question, ma réponse lui apparaît négative et il semble vouloir continuer le chemin. Peut-ête a-t-il crû que nous avions peur. Finalement, nous le suivons presque à quatre pattes sous les buissons sur les traces de ce petit félin. Au bout de quelques instants, nous comprenons que nous avons perdu sa trace et décidons de reprendre notre chemin.

Après quelques instants, nous observons sur les hauteurs quelques redoncas des montagnes (une antilope assez farouche qui apprécie les hauteurs).

Un peu plus loin nous nous arrêtons. J'ai repéré un grand oiseau sur une branche avancée d'un arbre en contrebas de notre chemin. Je saisis les jumelles. A la première observation, je n'en crois pas mes yeux. Je prête les jumelles à Moses pour lui demander de quel rapace il s'agit. Pas très satisfait de sa réponse, je reprends l'observation attentive de ce grand rapace extrêmement sombre. Au bout de quelques instants, livre d'identification à la main, j'obtiens la confirmation par Moses de notre découverte. C'est un grand rapace de couleur noire avec des marques blanches en V sur le dos. Notre joie est grande: il s'agit de l'Aigle de Verreaux, espèce que nous avions vainement cherché deux ans auparavant sur la falaise du lac Baringo dans la Rift Valley un plus au nord du Kenya. C'est une espèce assez rare, en danger de disparition. C'est un des aigles les plus puissants de l'Afrique avec l'Aigle Martial. Nous sommes dans son habitat préféré, les falaises et les massifs rocailleux. Ses proies favorites sont légions dans les parages : les damans. Grand bonheur des petits ornithologues que nous sommes d'observer ce superbe aigle dans son environnement. Nous suivons son envol, il disparait en planant le long de la falaise.

La rencontre qui va suivre ne manque pas non plus de piment. Nous redescendons tranquillement vers l'escarpement lorsque Moses s'arrête à nouveau pour nous montrer un groupe de baboins à une cinquantaine de mètres devant nous. Ils nous ont repéré et commence à se retirer. Mais Moses commence à gesticuler et à imiter leur cri. Alertés, certains singes s'arrêtent, se retourne et semblent lui répondre par les mêmes gesticulations et leurs aboiements (le cri du baboin ressemblent étrangement à l'aboiement d'un gros chien). Nous assistons plein d'admiration à ce dialogue épique entre le vieux guide et la troupe des singes à tête de chien. Après ce singulier échange, Moses nous emmène jusqu'au refuge des baboins juste au bord de la falaise dans les rochers. Nous sommes entourés de singes qui nous regardent étrangement. Sur la paroi au bord du précipice j'aperçois de longues coulures blanches, certainement des traces de fiente de l'aigle de Verreaux.


La lumière commence à décliner. Notre enthousiasmante ballade a duré plus que prévu et il faut penser à rebrousser chemin pour rejoindre notre campement.

De nouveau un arrêt pour contempler le ciel noir, troué par lumière qui décline et la fumée des feu de brousse.

La nuit tombe avant la redescente. Ni Mosès ni notre guetteur Masai n'ont pris de lampe. Carine trébuche derrière moi. Plus de peur que de mal, mais nous sommes heureux de regagner notre tente où Pius nous a préparé un bon feu dans la cheminée.

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La carte du Masai Mara

La carte du Masai Mara