lundi 31 décembre 2007

Nocturne: la piste fauve

Parmi les choses que nous pouvons faire à Cottars parce que nous sommes en dehors de la réserve du Masai Mara est de partir en safari de nuit. C'est une expérience que nous avons déjà vécue au Botswana et au Mont Kenya et nous avait laissé avec des souvenirs inoubliables: le cri déchirant des "bush babies" (ou galagos, petits pro-simiens au gros yeux), les grands et petits rapaces nocturnes, les félins en chasse, le balai des hyènes et les myriades de rencontres avec ces petits animaux furtifs qui forment le royaume de la nuit: genettes, porc épic et bien d'autres. En brousse, la vie nocturne est très intense et de nombreuses espèces ne sont visibles qu'entre la tombée de la nuit et le levé du jour.
Ce soir, nous profitons de notre retour tardif du safari de la journée pour prendre un apéritif au bord de la piste.

Nous parcourons les derniers kilomètres dans l'obscurité. Palminia est repassé devant à la place du passager et manipule une lampe mobile et éclaire les alentours de la piste.

Quelques antilopes aux aguets comme ce céphalophe de grim.


Et puis soudain c'est la rencontre. Palminia a repéré quelque chse sur notre droite. Comme nous avons dépassé l'endroit Bernard fait marche arrière et nous découvrons dans la lumière du spot un beau mâle léopard. Juste le temps de déclencher pour saisir ce chasseur de l'ombre par excellence avant qu'il ne retourne à couvert.

Je ne dirais jamais assez l'admiration que j'ai pour ce fauve puissant, élégant, opportuniste. Les mâles comme celui-ci ne se rencontrent pas souvent de jour. La discrétion de cet animal n'est pas que légendaire: notre guide nous raconte que certains léopard vivent sur le territoire des grandes villes comme Nairobi chassant la nuit (qu'importe la proie) et restant à couvert le jour. Cette simple anecdote de Bernard me donne des frissons. Nous rejoignons pendant ces quelques instants dans le territoire des ténèbres la piste fauve de Kessel et la féline de Jacques Tourneur. La nuit invite à cette imagination.

Après cette rencontre, nous rentrons sains et sauf pour diner.

dimanche 30 décembre 2007

Black and white


De retour de notre survol du Masaï Mara en ballon, notre chauffeur nous invite à rencontrer l'un des animaux les plus convoités, les plus exterminés de l'Afrique.

Comme vous le savez peut-être, il existe deux espèces de rhinocéros sur ce continent. Ils sont tous les deux mal nommés : le blanc et le noir. La dénomination "blanc" vient en fait de la déformation anglaise du mot afrikaaner "wide" qui signifie large en référence à la taille de la bouche de l'animal. Le rhinocéros blanc (qui est gris comme l'autre) a donc une machoire large qui lui permet de brouter l'herbe. Le rhinocéros noir qui est l'objet de notre rencontre d'aujourd'hui a une bouche étroite et se nourrit principalement de feuilles d'arbustes. l est plus petit que le rhinocéros blanc. Solitaire, discret, farouche, il est également parfois agressif, le père de notre hôte (Calvin Cottars) a été tué par un de ces animaux d'un autre age . Ce dernier est en voie d'extinction, le rencontrer à l'état sauvage est donc un moment assez exceptionnel.

Nous ne restons pas longtemps.

Pour voir les autres photos, cliquez sur diaporama.

mardi 25 décembre 2007

Un amateur de miel


Ce matin, nous repartons pour la journée dans le but d'aller observer (en vain) la traversée de la rivière Mara dans la réserve. Etant donné la distance, nous partons de bonheur.

Ce parcours de début de journée nous réserve une petite rencontre comme seule l'observation attentive de la savane peut nous réserver.

Sur la piste qui mène de Cottars à la réserve du Masai Mara, au détour d'un virage, un étrange animal traverse sous nous yeux et s'éloigne à grande vitesse. Juste le temps de prendre une photo (voir ci-dessous) pour graver le souvenir de cette rencontre.

Cet animal qui ressemble à notre blaireau européen en plus gros et plus haut sur pattes est un ratel ou encore appelé "zorille du cap".

Plutôt nocturne, cet animal de la famille des mustélidés s'est rendu célèbre pour son agressivité légendaire et pour sa coopération avec l'indicateur, petit oiseau qui comme le ratel est un grand amateur de miel. Grosso-modo, l'indicateur repère les essaims, les indique au zorille qui se charge de sa destruction. Une fois le ménage effectué par le ratel (dont le métabolisme le rend resistant à de nombreux venins et piqures), l'indicateur peut venir se régaler.

Coté agressivité, je me souviens d'un récit d'un de nos hôtes au Botswana qui nous narrait avec grands gestes à l'appui son combat mémorable avec un ratel qui avait investi sa tente cuisine et refusait de libérer la place malgré les nombreux coups de poêle à frire que notre conteur Nigel lui assénait. Cet animal n'a peur de rien et de personne même pas des lions qui même à plusieurs peuvent regretter de venir s'y frotter.

lundi 10 décembre 2007

La marche rouge et l'aigle noir

Cet après-midi, nous partons pour notre deuxième marche autour de Cottars Camp. La montagne à laquelle est adossée notre tente sera l'objet de notre virée pédestre. Pour ce faire Calvin Cottars nous confie à son meilleur pisteur, notamment pour des raisons de sécurité, les buffles étant souvent présents sur les hauteurs : Moses. Moses a plus de 70 ans, c'est un ancien braconnier qui a tué de nombreux éléphants avant de faire de la prison puis de devenir pisteur chez Cottars. Il ne parle pas anglais, marche d'un pas lent et assuré.

Nous partons en fin d'après midi après le thé.
La marche début par l'ascension de la montagne, Moses marche devant doucement (cela nous arrange), un guetteur Masai ferme la marche.

Moses fait une pause à mi-pente. Il en profite pour nous montrer quelques plantes et nous les faire deviner. Il se saisit de quelques petites feuilles vertes qui ressemblent en plus petit à des feuilles de menthe. L'odeur n'est pas très caractéristique mais Moses se met à les frotter entre ses doigts qui rougissent instantanément.
Nous reconnaissons le henné. Notre guide prend alors la main de Carine pour la maquiller de cette belle couleur rouge.
Nous reprenons notre marche vers le sommet. A notre arrivée au point le plus élevé, nous faisons une pause pour admirer le paysage au bord de l'abrupt de la falaise. La plaine s'étend à l'infini sous nos yeux. Légèrement à notre gauche des feux de brousse sont allumés sur les flancs d'une colline. Après ces quelques minutes de contemplation, nous reprenons notre marche à flanc de colline. Soudain, notre guetteur Masaï appelle Moses qui marche en tête fusil à la main.
Il semble avoir aperçu quelque chose sur sa droite. Les mots qu'ils échangent nous échappe mais après quelques explications, nous devinons qu'il doit s'agir d'un petit félin : peut-être une genette ou un serval. Moses nous demande si nous désirons suivre sa trace. Comme je n'ai pas compris la question, ma réponse lui apparaît négative et il semble vouloir continuer le chemin. Peut-ête a-t-il crû que nous avions peur. Finalement, nous le suivons presque à quatre pattes sous les buissons sur les traces de ce petit félin. Au bout de quelques instants, nous comprenons que nous avons perdu sa trace et décidons de reprendre notre chemin.

Après quelques instants, nous observons sur les hauteurs quelques redoncas des montagnes (une antilope assez farouche qui apprécie les hauteurs).

Un peu plus loin nous nous arrêtons. J'ai repéré un grand oiseau sur une branche avancée d'un arbre en contrebas de notre chemin. Je saisis les jumelles. A la première observation, je n'en crois pas mes yeux. Je prête les jumelles à Moses pour lui demander de quel rapace il s'agit. Pas très satisfait de sa réponse, je reprends l'observation attentive de ce grand rapace extrêmement sombre. Au bout de quelques instants, livre d'identification à la main, j'obtiens la confirmation par Moses de notre découverte. C'est un grand rapace de couleur noire avec des marques blanches en V sur le dos. Notre joie est grande: il s'agit de l'Aigle de Verreaux, espèce que nous avions vainement cherché deux ans auparavant sur la falaise du lac Baringo dans la Rift Valley un plus au nord du Kenya. C'est une espèce assez rare, en danger de disparition. C'est un des aigles les plus puissants de l'Afrique avec l'Aigle Martial. Nous sommes dans son habitat préféré, les falaises et les massifs rocailleux. Ses proies favorites sont légions dans les parages : les damans. Grand bonheur des petits ornithologues que nous sommes d'observer ce superbe aigle dans son environnement. Nous suivons son envol, il disparait en planant le long de la falaise.

La rencontre qui va suivre ne manque pas non plus de piment. Nous redescendons tranquillement vers l'escarpement lorsque Moses s'arrête à nouveau pour nous montrer un groupe de baboins à une cinquantaine de mètres devant nous. Ils nous ont repéré et commence à se retirer. Mais Moses commence à gesticuler et à imiter leur cri. Alertés, certains singes s'arrêtent, se retourne et semblent lui répondre par les mêmes gesticulations et leurs aboiements (le cri du baboin ressemblent étrangement à l'aboiement d'un gros chien). Nous assistons plein d'admiration à ce dialogue épique entre le vieux guide et la troupe des singes à tête de chien. Après ce singulier échange, Moses nous emmène jusqu'au refuge des baboins juste au bord de la falaise dans les rochers. Nous sommes entourés de singes qui nous regardent étrangement. Sur la paroi au bord du précipice j'aperçois de longues coulures blanches, certainement des traces de fiente de l'aigle de Verreaux.


La lumière commence à décliner. Notre enthousiasmante ballade a duré plus que prévu et il faut penser à rebrousser chemin pour rejoindre notre campement.

De nouveau un arrêt pour contempler le ciel noir, troué par lumière qui décline et la fumée des feu de brousse.

La nuit tombe avant la redescente. Ni Mosès ni notre guetteur Masai n'ont pris de lampe. Carine trébuche derrière moi. Plus de peur que de mal, mais nous sommes heureux de regagner notre tente où Pius nous a préparé un bon feu dans la cheminée.

Pour voir les autres photos de la ballade cliquez sur diaporama.

Pour les autres photos des baboins cliquez sur diaporama.

dimanche 2 décembre 2007

Bernard, Palminia et le lion


Dimanche 26 août 2007. Morning game drive. Départ 6h30 - Retour 10 heures

Après une première marche d'un bon pas jusqu'à la frontière tanzanienne la veille, nous retrouvons notre guide Bernard et notre guetteur masai le splendide Palminia pour un premier safari matinal dans la concession du Cottars Camp. Ce matin, nous sommes seuls avec nos guides et cette première virée est consacrée à l'observation des oiseaux.

Carine a encore vu un superbe guépied.

Au passage de la rivière, Bernard repère des traces de lion et de caracal (petit flin discret que nous ne verrons pas malheureusement). Une fois la rivière franchie, c'est Palminia qui nous alerte: à quelque mètres derrière nous, un superbe lion d'une dizaine d'années solitaire marche sur la piste.

Bernard est très expérimenté comme tous les guides de Cottars 1920. Il a d'ailleurs travaillé pour Kuki Gallman (dont la vie a été interprétée à l'écran par Kim Basinger).

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dimanche 11 novembre 2007

Cottars 1920


Nous quittons l'intérieur de la réserve du Masai Mara, notre délicieux campement au bord de la rivière Talek pour rejoindre par les airs le campement de Cottars 1920.


Celui-ci se trouve au sud est de la réserve à l'extérieur du Masai Mara à quelques kilomètres de la frontières avec la Tanzanie.

Il porte le nom d'une famille américaine qui organisait dès les années 1920 des safaris de chasse dont certains des clients sont restés célèbres comme Osa Johnson, grande chasseuse au physique d'actrice du muet qui avec son mari Martin tournèrent les premiers films sur la faune africaine et remplirent les salles américaines passionnant les foules.

Comme nous sommes à l'extérieur de la réserve du Masai Mara, nous allons pouvoir marcher en brousse et faire des safaris nocturnes. Le camp est absolument magnifique. Il est divisé en deux parties: d'un coté les grandes tentes dont la nôtre (55 m2 ....) à flan de colline et deux l'autre dans un joli jardin, les tentes individuelles. Chaque partie est dotée d'une mess tent où nous prenons nos repas en compagnie des autres clients.

Pour voir les photos de notre Camp, cliquez sur Diaporama.

Au royaume des petits


Brèves rencontres avec des petits animaux sans doute moins recherchés par les safaristes mais tout aussi passionnants.

Le travail du photographe n'est en rien facilité vu la rareté et la caractère fugitif de leurs apparitions. Je n'ai malheureusement pas pu photographier tous ceux qui nous avons croisé. Je pense notamment à cette genette croisée dans l'allée de notre lodge un soir avant le diner.

Laissez moi quand même vous présenter l'otocyon. Derrière ce nom peu commun se cache un petit renard à oreilles de chauve souris (c'est la traduction littérale de son nom anglais). Comme son nom l'indique ce petit mammifère au museau pointu est insectivore. Il a un faible pour les termites et les scarabées. Ses oreilles proéminentes lui sont d'une grande utilité pour suivre les périgrinations souterraines de ses proies favorites. Il partage le même écosystème que le chacal à chabraque.



Voilà un autre petit mammifère beaucoup plus connu notamment pour sa prédation sur les scorpions. C'est la mangouste. Il existe plusieurs espèces dans le Masai Mara: ici c'est la mangouste rayée. Grégaire, ce petit animal très actif ne reste jamais très longtemps à portée d'objectif mais ne dédaigne pas la proximité des tentes ou des habitations.















Pour finir, vous allez les reconnaître facilement ... et pourtant nous ne les avons pas beaucoup vu lors de nos sorties et pour cause ... Le nombre de leurs prédateurs est très important donc la discrétion est de mise .... Voici donc le lièvre du cap caché dans les hautes herbes non loin d'un groupe de lions et un petit lapin nocturne ....

La carte du Masai Mara

La carte du Masai Mara